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La question est fondamentale en matière de gestion d’actifs, aussi mérite-t-elle un minimum d’analyse.

L’investisseur, quel que soit, dispose d’une multitude de fonds dits « patrimoniaux ». Étant donné l’hétérogénéité de cette classe d’actifs, il convient de la préciser. Au sein des fonds « flexibles Europe prudents », puisque c’est de cette classe dont il est question, il y a des fonds de très grande taille, bénéficiant de gros moyens à la fois en termes d’expertise mais également de possibilités d’accès aux marchés ou aux différentes couvertures par l’utilisation de dérivés plus ou moins complexes. Il existe également de petits fonds gérés par des sociétés de gestion entrepreneuriales, disposant d’une forte agilité (équipe de gestion restreinte). Servis par de fortes convictions, ces derniers font montre d’une plus grande flexibilité qui peut, certes, occasionner des coûts supplémentaires en cas de changements brutaux de la conjoncture de marché mais qui évite tout accident de dérivés.

montbleu Cordée appartient à cette catégorie. Effectivement, ses frais de fonctionnement sont élevés et méritent quelques explications. Tout d’abord, son dynamisme a permis au fonds de voir ses encours accroître fortement peu après sa création. En 2011, n’anticipant pas l’attaque sur l’euro, sa forte position obligataire en taux fixe élevé l’a fortement pénalisé. Suite à la crise de liquidités obligataires, les investisseurs se sont détournés du fonds qui n’a pu se couvrir lors de la tempête financière. Cette décollecte a engendré de nombreux mouvements de ventes et donc de frais. Les taux étant anormalement bas, nous n’avons pas pris le parti court-termiste d’acheter des obligations courtes (qui certes évitent de s’exposer à l’illiquidité mais qui ne rapportent guère à l’épargnant). Constatant que la plus-value sur les obligations à taux fixe permise par 30 ans de baisse des taux ne pourrait plus servir de réservoir de performance aux fonds patrimoniaux, nous avons privilégié les taux flexibles. Or, si une vraie flexibilité dans l’allocation d’actifs entraîne des coûts supplémentaires, c’est pourtant le réel gage d’une implication de gestion.

Malheureusement, la mise en place par la BCE d’une politique monétaire non conventionnelle, afin de maintenir artificiellement les taux bas, nous a pris à contre-pied, entraînant une grave contre-performance (et une forte décollecte). Mais, convaincus qu’il ne fallait pas céder à la facilité, nous avons gardé nos obligations à taux variable, les mêmes qui se sont fortement appréciées deux ans plus tard et qui nous permettent d’afficher aujourd’hui de solides performances. Alors, certes, ces deux accidents nous ont coûté cher en termes de frais et de performances, mais ils nous permettent d’envisager positivement l’avenir. « Le succès se construit sur les échecs. »

Avec 0,71% de rendement sur les huit dernières années (selon Quantalys), le fonds retrouve néanmoins son benchmark et affiche une performance sur un an glissant de 15,7% au 29/09/2017. Pourquoi ne pas citer ici l’étude de Citywire qui classe montbleu Cordée comme le premier fonds de sa catégorie depuis un an.

La question des fonds patrimoniaux, de par son importance, exige une réflexion au-delà de la performance passée. Pour traiter de l’avenir, il est plus judicieux de s’intéresser au comment plutôt qu’au combien, quelle a été l’option choisie par le gérant, est-elle toujours d’actualité, quelles sont ses convictions sur les prochains mois ?

Fort d’une vraie recherche de ces réponses, il devient clair que les fonds flexibles, même prudents, doivent être des fonds de convictions (car il en faudra pour affronter les prochaines tempêtes). Si ce n’était pas le cas, autant constituer un portefeuille d’ETF et prendre soi-même la responsabilité de l’allocation. Les marchés financiers suivent différentes phases d’évolution : ils peuvent être stables, volatils ou en risk-on/risk-off. De par leur processus de gestion, certains gérants sont plus ou moins à l’aise avec chacune de ces phases. Aussi le meilleur moyen de s’approcher de l’optimum du couple rendement/risque est de multiplier les gérants et donc les fonds (en les choisissant aussi décorrélés que possible) et de surveiller cette allocation. Cela demande beaucoup d’efforts de recherche et de curiosité mais c’est l’antidote aux gestions et au journalisme de demain lorsque l’intelligence artificielle aura envahi leur champ d’application.

Éric Venet, Directeur général de montbleu finance, Gérant de montbleu Cordée

Source : Montbleu Finance, Eric Venet